Pucerons, savon et...gnole!!!
Suite à mon précédent article, j'ai eu pas mal de réponses préconisant le savon noir contre les pucerons. Aujourd'hui, j'ai reçu un commentaire d'un internaute (merci Tony!) m'indiquant que le mélange savon noir et...gnole (!) pouvait permettre de lutter contre ces sales bêtes. Un lien indiquait la source de l'information.Voici l'explication certes un peu technique mais très intéressante et éclairante :
Source : http://caquedrole.blogs.nouvelobs.com
La nuit porte conseil dit-on. Ou bien... les km en voiture. Cet après-midi, je suis allé jusqu'à l'écomusée de Marquèze en passant par le Pays de Born, donc par une partie de la zone la plus dévastée par la tempête Klaus. Bien sûr... vous en aurez les photos. Mais, en voiture, au retour, me remémorant ma note mise en ligne en fin de matinée, j'ai réalisé que j'avais omis de parler de l'alcool à brûler dans la lutte contre certains pucerons, en particulier le puceron lanigère. Cela marche aussi sur les cochenilles sur rameaux arbustifs.
J'ai donc rectifié ma note ce soir...
Est-ce lors du dernier week-end ou au précédent ? je ne sais plus. Toujours est-il qu’Alain Baraton, le "jardinier" qui officie durant le 7-9 des samedis et dimanches sur France-Inter, par ailleurs jardinier-en-chef du domaine ex-royal de Versailles, interrogé sur des symptômes de cochenilles sur une plante d’intérieur, donna comme conseil l’utilisation d’une solution à 10 % d’alcool dénaturé, et autant de savon noir pour une pulvérisation.
Je voudrais revenir sur ce conseil et… l’expliquer puis le tempérer. D’autant que bien des plantes rentrées dans les maisons ou vérandas en hiver, avec éventuellement des visiteurs discrètement présents en fin d’été (aleurodes, pucerons, cochenilles…) viennent d’avoir chaud tout l’hiver, puis l’allongement de l’ensoleillement aidant, sont reparties à la pousse. J’ai l’exemple devant moi d’un bougainvillée* dont toutes les pousses apicales, bien tendres, sont couvertes de pucerons (vert pâle, mais visibles par leurs exuvies, ou mues, blanches qui poissent l’ensemble des feuilles alentour). A la manière des boutons de roses en juin…
Mais, à la différence des rosiers de mon jardin, protégés par moult auxiliaires, notamment les syrphes, dans ma salle de séjour, derrière la porte-fenêtre exposée sud-ouest (maxi lumière, maxi soleil), il n’y a ni larves de coccinelles, de syrphes, de chrysopes, ni forficules**, ni ces petites araignées très mobiles (voir photo ; sur pétale de fleur de tulipier) qui adorent les pucerons à leur menu.
Revenons à Baraton et à son conseil. Que peut faire l’alcool dans la recette ? Eh bien : déshydrater (mais là, étendu à 10 % c'est-à-dire une solution à… 9 % volumétriques –jadis on aurait dit "9 degrés" – j’y crois peu, et… tant mieux. Tant mieux car cet effet déshydratant est intéressant sur le bois… mais peut "brûler" des feuillages et boutons tendres. Intéressant sur le bois ? Oui par exemple vis-à-vis du puceron lanigère qui couvre parfois les extrémités des rameaux des arbres fruitiers. Auquel cas passer au pinceau, voire pulvériser, soit de l'alcool à brûler, ce qui est préférable, soit une solution alcoolique diluée à 50 ou 60 % peut être efficace (quelques fourmis "trayeuses" de pucerons, c'est-à-dire se nourrissant des miellats*** excrétés, n’aimeront pas…). En revanche, à 10 % cet alcool va avoir un effet "liposoluble", c'est-à-dire qu’il va permettre de pénétrer ces boucliers de cire qui protègent les cochenilles en les dissolvant légèrement.
Et le savon noir (le Teepol® et ses homologues, voire un produit vaisselle classé écolo, font le même effet) ? Parce que c’est un "tensio-actif" de surface (c’est l’essentiel de l’effet nettoyant… après rinçage) qui, donc, va fortement adhérer aux feuilles et aux tiges et… étouffer ces colonies de cochenilles mais aussi de pucerons, voire de larves d’aleurodes le cas échéant (les insectes "piqueurs-suceurs").
Eh bien voilà, nous complétons les recettes respectueuses de l’environnement : au jardin, si les auxiliaires ne maîtrisent pas suffisamment les pucerons, sur vos rosiers par exemple, sur les arbres fruitiers également, sachez qu’un bon coup de jet d’eau en descend pas mal (les pucerons détestent les aspersions, et une partie de l’effet « purin d’ortie » ou pulvérisation insecticide provient déjà du dérangement occasionné et du lessivage des colonies aptères****, que les tensio-actifs (savon noir plus « naturel ») sont excellents et qu’en cas de besoin un p’tit coup de gnôle sur les pucerons lanigères : ça marche !
* On peut aussi dire un bougainvilliers, de toléré le mot a acquis son statut de synonymie…
** Perce-oreilles ou pince-oreilles
*** La multiplication des pucerons nécessite beaucoup de protéines puisées dans la sève, mais peu d’hydrates de carbone ou "sucres". Ceux-ci sont donc excrétés sous forme de miellat. Attention, les abeilles et autres butineurs s’intéressent aussi aux miellats de pucerons : pucerons sur les fèves et fèverolles, pucerons verts sur pousses et feuilles de pêchers ou d’autres arbres fruitiers, etc. Une raison de plus pour éviter les insecticides classés "dangereux pour les abeilles" en période de butinage, et... ne pas utiliser d'insecticides "soft" aux heures de butinage…
**** Dépourvues d’ailes. Ces dernières apparaîtront lorsqu’une démographie galopante (multiplication intense par parthénogénèse) nécessitera l’émigration, ou pour aller assurer une reproducion sexuée.
Alors, que retenir ?
1. Que la gnole peut être efficace contre les pucerons à condition de la diluer à 50 ou 60%...sinon gare aux brûlures sur les jeunes tissus.
2. Que le savon noir est efficace car il va étouffer les pucerons en adhérant aux feuilles et tiges...mais qu'on peut aussi utiliser un liquide vaisselle écolo, il aura le même effet.
3. Qu'on peut commencer par lutter en pulvérisant de l'eau car les pucerons détestent être aspergés.
Moi, ce qui me plaît bien dans cet article, c'est qu'il reprend les préconisations de certains d'entre vous sur le savon noir et en plus, je comprends pourquoi ça tue les pucerons! Je me coucherai moins bête ce soir...